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Me and Mister Mantle

Salut ô groupe de balle-molleux(ses),

J’aimerais par la présente vous inviter à lire un magnifique texte composé par le fondateur du club des Yankees, monsieur Marc-André Pedneault, dévoilant les origines de son amour pour les Yankees de New York. C’est une histoire toute désignée en cette fin de semaine de la fête des pères.

La raison pour laquelle Marc-André a écrit cette histoire, c’est que notre bon fondateur des Bulls, monsieur Benoit Rioux, journaliste de profession, a eu l’occasion exceptionnelle au mois d’avril de jouer une partie de balle amicale au Yankees Stadium. Et Benoit en avait informé M.A., ce qui a inspiré cette histoire qui s’intitule « Me and Mister Mantle ».

Bonne lecture et bonne fête des pères !

Benibo

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Salut Ben.

Je t’avais promis un petit historique de ma passion sportive pour les Yankees en lien avec le message que tu m’as envoyé récemment suivant ta belle aventure sur le turf du Yankee stadium. Je l’admets encore sans honte, je suis autant content pour toi que jaloux; ça fait réellement partie de mes fantasmes de pouvoir jouer à la balle un jour sur ce terrain, même si les chances d’y arriver sont plutôt minces. Ça fait que je suis très heureux de savoir qu’un passionné comme toi et un sapré bon gars, lui, l’a réalisé!

Je t’explique.

Quand j’étais un petit M-A dans mon Chicoutimi natal, mon père me racontait parfois des histoires de sport. Mes préférés étaient celle sur le baseball, ses joueurs, ses anecdotes et ses traditions. Mon père était un gros fan de baseball et un accroc aux expos. Encore aujourd’hui au palmarès de mes plus beaux souvenirs; les chaudes soirées d’été sur le bord de la vieille cuve de laveuse qui servait d’âtre pour le feu derrière la maison familiale. Assis sans parler à écouter les voix de Jacques Doucet et de Rodger Brulotte à la radio entremêlées fréquemment de bruit de foule distant et de silence. Nous les écoutions religieusement relater les exploits et progrès de nos héros. Mon père, O’Keefe et tisonnier à la main, et moi, mon père pas loin.

C’est là que mon père, parfois, me racontait des histoires.

Une de celle qui m’a le plus marqué est celle qui concernait le célèbre numéro 7; Mickey Mantle. Le slugger des Yankees qui a frappé 536 home runs en 18 saisons entièrement avec les pinetripes. Mon père me racontait les exploits et les frasques de ce joueur condamné d’avance à mourir jeune en vertu d’une maladie héréditaire. Il brulait la chandelle par les deux bouts, sachant que l’inévitable allait arriver plus tôt que tard. Un talent immense, un charisme naturel, le meneur de jeu des Yankees dans leur grande tradition de joueur fascinant. Le Mickey ne succédait à rien de moins que Babe Ruth, Lou Gerigh et Joe Dimmagio. Il jouait avec Yogi Berra et Roger Maris. Roger et lui ont frappé 115 circuits en une seule saison. « Plus de circuits à eux deux que certaines équipes du baseball me disait mon père ». Je n’ai d’ailleurs, encore aujourd’hui, jamais pris la peine de vérifier si c’était vrai tant je voulais croire que deux Yankee avaient frappé plus de circuits que toutes les autres équipes réunies! D’autres joueurs iconiques des Yankees lui ont succédé; Thurman Munson, Don Matingly et maintenant, mon préféré, Derek Jeter, pour ne nommer que ceux-là.

Le numéro 7 a souvent joué sur une patte, mais, contre toute attente, a quand même eu une longue carrière est s’est éteint à l’âge tout de même vénérable de 64 ans en 1995. Pas si mal pour quelqu’un qui avait perdu son père et son grand-père dans le début de la quarantaine et qui s’attendait à subir le même sort.
« S’il avait su me disait mon père », de qui je devinais parlé de son idole. « S’il avait fait attention à lui, il aurait probablement frappé près de 700 homeruns et battu tous les records! » « C’est sur », que je renchérissais en opinant à moitié perdu dans mes pensées quelques part dans les gradins du yankee stadium à voir le numéro 7 frapper un circuit de 500 pieds loin au champ droit.

Mais malheureusement, il ne savait pas. Et cette ignorance et ses performances lui ont quand même permis d’entrer dans la légende et surtout, permettre à mon père de me raconter ses exploits.
Belle anecdote sur le numéro 7. Juste avant de mourir en 1995, alors qu’apparemment, il ne parlait pratiquement plus à personne, il a demandé à rencontrer un jeune joueur prometteur des Yankees qui débutait sa carrière. Un jeune avec des qualités indéniables qui allaient être capables de porter le club pour les 20 prochaines années. Le Mickey s’est éteint quelques mois plus tard, quelque mois après avoir discuté en secret de longues minutes avec un petit gars de 21 ans du New Jersey; Derek Sanderson Jeter. Le numéro 2 n’a jamais voulu raconter à quiconque de quoi il avait discuté ce jour-là. Un flambeau, un vrai s’est probablement transmis et le vieux Mickey avait vu juste dans le jeune yankee en devenir.

À sa retraite, devant ses fans, le Mickey leur a dit que de jouer 18 saisons devant eux au Yankee stadium était la meilleure chose qui pouvait arriver à un joueur de baseball. C’est beau hein? me demandait mon père. J’étais bouche bée…

Un autre soir, mon père m’a aussi parlé du Babe et son histoire incroyable. L’échange de Boston pour un montant d’argent, la malédiction dont il était le responsable, les voyages en train, les cigares avant les matchs et lui qui posait avec des kids en leur flattant la tête, cigare au bec après un long voyage de train parfois bien arrosé… une autre époque. Le numéro 3 avait sauvé le baseball du scandale des Black Sox de 1919 par son charisme et son entrain à jouer au baseball comme un enfant! Le premier Yankee d’une longue tradition à entrer dans la légende
Je m’imaginais déjà les folles années 20 à New York, le mythique yankee stadium, les victoires des yankees et les circuits du Babe Ruth et je rêvais qu’un jour peut-être, j’aurais la chance moi aussi de le voir ce stade-là, moi qui m’alignait avec les modestes Reds du quartier Christ-Roi à Chicoutimi…

Le Lou Gehrig. Le numéro 4. L’homme de fer des Yankees de qui désormais la sclérose latérale amyotrophique tient son nom. Un monument et modèle pour son époque qui faisait contrepartie de par sa classe et sa réserve au grand numéro 3 des yankees. C’est ce qui, selon mon père, les a forcées à devenir meilleures année après année. Le numéro 4 est mort à 37 ans des suites de sa maladie après avoir joué pendant 14 saisons sans avoir manqué une seule partie. Quelques mois avant de mourir, il déclara au Yankee stadium se considérer comme l’homme le plus chanceux sur la face de cette terre. La légende commençait. Je n’en croyais pas mes oreilles. Comment quelqu’un qui sait qu’il va mourir avant quarante ans peut dire quelque chose comme ça? J’étais fasciné.

J’ai eu une pensée pour mon père quand en 1995, Cal Ripken a battu le record de match consécutif de Lou Gherig.
Le Joe Dimaggio, numéro 5, devenu immortel à travers la chanson de Simon et Garfunkel « Mrs Robinson ». 56 matchs d’affilés avec un moins un coup sûr, renforçait mon père le doigt dans les airs. « Non, mais penses-y! Il a frappé un coup sur à chaque match pendant pratiquement deux mois ». Et j’y pensais pendant que mon père décapsulait une autre O’Keefe. Encore de nos jours, l’allée vers le vestiaire des yankees est ornée d’une petite pancarte rectangulaire fort simple tirée de l’une des plus belles citations du numéro 5, et qui encore aujourd’hui inspire les joueurs. « I want to thank the good lord for making me a Yankee. »

Perdu dans mes pensées, j’imaginais la chance qu’avaient les joueurs de baseball des yankees de pouvoir passer presque à chaque jour sous cette petite pancarte. « Des sorties avec les plus belles femmes de New-York et un mariage avec rien de moins que Marilyn Monroe. Me disait-il pour finir sa description du numéro 5 des Yankees avec un clin d’œil.

La façon dont mon père me racontait ça, j’en étais presque arrivé à croire qu’il avait été là dans les gradins à chacun de ses moments historiques.

Cela demeure encore aujourd’hui parmi mes plus belles soirées d’été. Entendre mon père me raconter des histoires au sujet de ses joueurs légendaires qui semblaient venus d’une autre planète. Me parler de la ville de New-York. Me faire des clins d’oeil en parlant des femmes de New-York et de Joe Dimmagio. En ayant presque un moment d’émotion en évoquant la carrière du Mickey et de Lou Gehrig. En ayant, ce que je percevais presque comme une pointe d’envie, une certaine nostalgie des belles femmes de New-York qu’il n’avait pourtant jamais vues.
Et tout ça en se faisant porter par les voix de Jacques et de Rodger…

Ce qu’il y a de plus beau dans le fait de transmettre des histoires comme ça à ses enfants; ça ne meurt jamais.
Malheureusement, mon père nous a quitté par une chaude journée d’été du mois d’aout 1989. À 57 ans. Un peu à l’image de ses héros des Yankees qui sont partis trop jeunes eux aussi. Mais à l’instar des numéros 3, 4, 5 et 7 des Yankees, il m’a laissé des souvenirs et des images formidables en tête.

Mon père est parti sans avoir mis les pieds une seule fois au Yankee stadium. Mais à l’entendre en parler, c’est lui qui l’avait construit.

C’est lui que j’amène avec moi qu’en j’entre au Yankee stadium et c’est à tout ça que je pense que je suis assis sur mon siège et que mon regard balaie le stade.

Merci p’pa.

Je suis certain qu’il est en train de se lancer quelque part avec le Babe, lui, sa O’Keefe pas loin, et le Babe, son cigare au bec. Aurait-il réussi à convaincre le Babe de laisser tomber sa malédiction en 2004? 85 ans après tout, ça commençait à être assez… Je ne serais pas surpris…
Imagine si j’avais pu dire à mon père que je connais quelqu’un qui à joué à la balle sur le turf mythique… tu serais devenu une icône toi aussi ça n’aurait pas été long mon Ben. T’aurais fini marié avec une Maryline quelques chose toi aussi!

D’autres belles histoires racontées sur le bord de la cuve de laveuse? Et comment!
Le Yogi Berra et ses 10 séries mondiales. Devenu célèbre bien malgré lui pour son i’ts not over until i’ts over. Bien en avance sur un certain Jean Perron!
Goerge Steinbrenner qui a payé les Yankees en 1973 1 million. Dire que ça vaut plus d’un milliard aujourd’hui.
Reggie Jackson et ses trois circuits dans le même match en série mondiale.
Don Larsen, le seul à avoir été parfait en série mondiale.
C’est de ça que mon père me parlait qu’en il s’emportait en parlant de baseball et des exploits plus grands que nature des Yankees de New York. The city that never sleeps!

Il n’y a pas d’équipe sportive, du moins à ma connaissance, à avoir accumulé autant de succès, de joueur vedettes, de joueurs marquants avec des histoires et des anecdotes sublimes transcendant, et de loin, le sport.

C’est plus que de l’argent. Une tradition sportive ça se bâtit avec de la passion, de la vrai. En s’assurant d’avoir sur le terrain, un ou des joueurs qui préféreraient se faire casser un bras plutôt que de perdre devant leurs partisans et surtout, devants leurs fantômes…

Une équipe avec des valeurs et une étique. Aucun nom dans le dos, aucun poil au visage et code vestimentaire pour chaque joueur dans les ligues mineures.

Bref, mon cher Ben, mon attachement profond à cette grande équipe, comme tu peux le voir, je le dois à mon père et ses anecdotes sur les légendaires joueurs des Yankees qui étaient plus grands que nature. Mon père aussi.
Aucune tradition sportive n’est aussi riche que celle des Yankees, et je ne parle pas de masse salariale…
J’aurais maintenant toujours une belle pensée pour toi quand j’irai à la Mecque avec mon père et que je balaierai le terrain du regard.

Je me dirai ; “je connais un sapré bon gars qui à joué ici…”

M-A

3 Responses to “ Me and Mister Mantle ”

  1. Jeff (Rebels) says:

    Wow! Superbe texte.

    Je déteste les Yankees (même si j’apprécie grandement les vedettes que tu as énumérées), mais tu as presque réussi à me les faire aimer, M-A.

    Sache que j’étais au Yankee Stadium le 10 Août 1995 pour un programme double contre les Indians, alors qu’on savait tous que la mort de Mickey était imminente, et que j’ai observé une minute de silence au Fenway Park le jour de sa mort, le 13 Août 1995, alors que Cal Ripken jouait son 2108e match consécutif, à 22 du record de Gehrig.

    Sache également que le « middle name » sur le baptistère de mon fils est Ty, en l’honneur de Ty Cobb, et que celui de ma fille est Ruth (puisqu’il fallait un nom féminin), en l’honneur du Babe, les 2 plus grands joueurs de l’histoire du baseball selon moi, comme quoi le baseball est, pour moi aussi, une véritable passion.

    Au plaisir de te jaser tous les lundis, mon ami Yankee.

    Jeff

  2. Sylvain Rocheleau (Boréale) says:

    Salut M.-A.,

    Je ne suis pas un aussi grand fan de balle que toi, mais mon père était aussi un conteur d’histoires plus grandes que nature. Ton texte m’a permis de me remémorer ces moments avec mon père.

    Merci et à lundi:-)

  3. Patrick Turcotte (Bulls) says:

    Wow! Du bonbon!!! Très beau texte M.A… Beau témoignage… Estie que j’aime la balle!!

    Patrick Turcotte